Maman, combattante et psychopédagogue: mon histoire au cœur des troubles neurodéveloppementaux
Maman, combattante et psychopédagogue: mon histoire au cœur des troubles neurodéveloppementaux
Je suis Charline, maman de 7 enfants. Notre quotidien est loin d’être ordinaire. Il est fait de luttes, de doutes, de remises en question, mais aussi de petites victoires, de résilience et d’un amour immense. Aujourd’hui, je vous raconte un petit bout de mon parcours.
Je m’appelle Charline, je suis la maman de sept enfants, âgés de 16 ans et demi à bientôt 4 ans. Depuis 6 ans, je fais l’école à la maison à toute la fratrie. C’est un choix, mais c’est aussi une réponse. Une réponse à nos épreuves ici bas: un quotidien bouleversé par les troubles neurodéveloppementaux. Chez moi, l’autisme, les troubles DYS, le TDAH ne sont pas de simples acronymes. Ce sont des réalités. Des défis. Des visages. Ceux de mes enfants.
Le début du combat
Mon parcours a vraiment commencé il y a 8 ans, quand mon fils, alors âgé de 5 ans, a commencé à manifester des comportements de plus en plus inquiétants. Quelque chose n’allait pas. Il était violent, se mettait en danger, ne dormait pas, hurlait sans cesse, s’essuyait les selles sur les murs et j'en passe. C’était chaotique. Incompréhensible. Épuisant. Et je ne savais plus comment l’aider.
On a consulté. Beaucoup. On a fini par aller jusqu’à Paris voir une psychologue clinicienne. Nous habitons dans les Ardennes, mais à ce moment-là, je ferais n’importe quoi pour avoir des réponses.
Le diagnostic tombe : entre psychose et névrose infantile.
Je ne comprenais pas tout. Mais je comprenais à demi-mot qu’on me faisait porter la responsabilité. Que, peut-être, c’était de ma faute.
Ce jour-là, je me suis effondrée. Et puis je me suis relevée.
Une nouvelle vérité : l’autisme
Je n’ai pas accepté ce premier diagnostic. Intuitivement, je sentais que quelque chose clochait. Nous avons continué à chercher. Et c’est en Belgique que le mot est enfin posé : autisme.
Mon fils avait alors 6 ans. Et à partir de ce moment-là, je n’ai plus jamais cessé de me former.
Mes soirées, mes nuits, mes week-ends… je les ai passés à chercher, lire, me former, rouler vers les formations. J’avais besoin de comprendre, de savoir, pour mieux l’accompagner. Pour ne plus subir.
L’école : un mur infranchissable
Pendant ce temps, l’école faisait de son mieux. La maîtresse était formidable, l’équipe aussi. Mais ça ne suffisait pas. Mon fils n’évoluait pas dans les apprentissages. Le redoublement du CP a été imposé. Non pas pour son niveau, mais à cause de ses absences. La logique de l’Éducation nationale…
Et puis cette phrase, que je n’oublierai jamais, lors d’une réunion avec son enseignante, à la fin de ce second CP :
“Je ne suis pas certaine que l’ULIS suffise.”
Cette phrase a été le déclic. Ce jour-là, je me suis promis de me battre pour qu’il ait accès à un minimum d’apprentissages scolaires. Je ne voulais pas qu’on le condamne à l’échec.
Ma reconversion : de mère à éducatrice
C’est là que j’ai décidé de faire l’école à la maison. Pour lui. Puis pour toute la fratrie.
Je me suis formée à la pédagogie Montessori, à la méthode Borel-Maisonny, puis à l’outil Sens’As (d’ailleurs, je vous en parlerai bientôt dans un article dédié). J’ai fini par devenir éducatrice Montessori certifiée.
J’ai construit, adapté, réinventé chaque apprentissage pour chacun de mes enfants.
Et vous savez quoi ? On a mis 4 ou 5 ans, mais aujourd’hui, mon fils sait lire.
Ce que j’aurais aimé qu’on me dise
La grammaire est encore un mystère pour lui. La ponctuation lui joue des tours. Mais il lit. Et c’est une victoire immense. Une victoire qu’on pensait impossible. Une victoire qui me donne la force de continuer, chaque jour.
J’aurais aimé qu’on me dise que c’était possible. Que mon instinct de maman valait plus que certains diagnostics jetés à la va-vite. J’aurais aimé être entourée, soutenue, écoutée. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je veux être cette voix-là pour d’autres parents.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, je continue d’accompagner mes enfants. Mais aussi d’autres familles. Je suis devenue psychopédagogue spécialisée, je propose des formations, des accompagnements, des ateliers. Je me bats pour une éducation inclusive, humaine, adaptée à chaque enfant, et surtout respectueuse de leur rythme.
Je suis encore en chemin. Mais je ne suis plus seule. Et je ne veux plus que d’autres parents se sentent seuls.
Si tu es maman, papa, éducateur ou simplement humain…
… et que tu traverses un parcours similaire, sache que tu n’es pas seul(e). Qu’il y a des ressources, des chemins, des outils. Et surtout, qu’il y a de l’espoir.