La Théorie des Cuillères : Comprendre la Fatigabilité des Personnes TSA


La fatigue n’est pas la même pour tout le monde. Pour les personnes autistes (TSA – Trouble du Spectre de l’Autisme), elle peut être plus intense et survenir plus rapidement, même après des activités qui semblent anodines pour les neurotypiques. Cette fatigabilité particulière peut être expliquée par un concept souvent utilisé dans la communauté des personnes en situation de handicap ou vivant avec une maladie chronique : la théorie des cuillères.
Qu’est-ce que la théorie des cuillères ?
La théorie des cuillères a été développée par Christine Miserandino, une femme atteinte de lupus, pour expliquer à une amie la gestion de l’énergie au quotidien lorsqu’on vit avec une maladie invisible. Elle a pris une douzaine de cuillères pour symboliser l’énergie disponible dans une journée et a montré comment chaque activité du quotidien (se lever, s’habiller, parler, faire des courses…) consommait un certain nombre de cuillères.
Contrairement aux personnes neurotypiques qui récupèrent facilement leur énergie, les personnes atteintes de maladies chroniques, de handicaps ou de troubles neurodéveloppementaux comme l’autisme doivent gérer leur stock limité de cuillères. Une fois les cuillères épuisées, il devient très difficile, voire impossible, d’accomplir des tâches sans un épuisement total.
Pourquoi la théorie des cuillères est-elle pertinente pour les personnes TSA ?
Les personnes autistes font face à une fatigue cognitive et sensorielle accrue, due à plusieurs facteurs :
Le traitement des informations sensorielles : les bruits, les lumières, les odeurs ou les contacts physiques peuvent être envahissants et épuisants.
Les interactions sociales : comprendre les codes sociaux, maintenir une conversation et gérer les expressions non verbales demandent un effort mental énorme.
L’adaptation aux imprévus : le moindre changement de routine peut demander une réorganisation mentale coûteuse en énergie.
Le masquage autistique : faire semblant d’être neurotypique en cachant ses traits autistiques (éviter de stimmer, forcer le contact visuel, surveiller son ton de voix) consomme énormément de cuillères.
Ainsi, une journée “normale” pour une personne neurotypique peut rapidement drainer toute l’énergie d’une personne TSA, la menant à un état d’épuisement appelé burnout autistique si elle ne peut pas récupérer correctement.
Comment mieux gérer ses cuillères au quotidien ?
Identifier les activités énergivores : noter ce qui consomme le plus d’énergie et essayer d’adapter son emploi du temps en conséquence.
Établir des pauses régulières : inclure des moments de repos entre les tâches pour recharger ses cuillères.
Limiter l’exposition aux environnements stressants : éviter les endroits bruyants, utiliser des outils comme les casques anti-bruit ou les lunettes teintées.
Pratiquer l’auto-compassion : accepter ses limites et ne pas culpabiliser de devoir dire non ou d’avoir besoin de repos.
Demander des aménagements : dans le cadre scolaire ou professionnel, des ajustements peuvent être mis en place pour réduire la fatigue (temps de pause supplémentaires, adaptation des tâches, télétravail, etc.).
La théorie des cuillères est un outil précieux pour comprendre la fatigue invisible des personnes TSA et adapter leur quotidien en conséquence. En sensibilisant l’entourage et en trouvant des stratégies pour préserver l’énergie, il devient plus facile d’éviter l’épuisement et d’améliorer la qualité de vie.